On s’y croise, on y cause, on y cogite...

lundi 17 décembre 2007

Une souris verte

Un lien vers un chouette article du Monde sur la mémoire et le fait que nous la perdons tous, plus ou moins. Ou la preuve, enfin, que nos parents ont raison quand ils nous disent qu'on n'apprend plus rien à l'école et qu'ils crânent parce qu'ils connaissent TOUS les départements et TOUS les chef-lieux, eux. Alors que nous ne nous rappelons même plus des poèmes de Prévert et que nos enfants auront un Google à la place du cerveau, s'ils s'en sortent bien.

Plus sérieusement, les ramifications de ces questions sont immenses, comme le dit l'article: de l'école à la conservation de notre patrimoine commun, à ce que signifie le savoir (savoir réciter ou savoir trouver), aux compétences utiles pour s'en sortir dans le monde...ça fait réfléchir avec les deux ou trois neurones qui me restent.

jeudi 13 décembre 2007

Battuta!

http://www.zingaro.fr/

Couacs couacs

A l'occasion de la visite de Khadafi, on s'est beaucoup indigné...et qui a finalement été la porte-parole la plus remarquée de la contestation? Bah, oui, vous l'aurez compris, Rama Yade. Qui a dit des choses très bien, par ailleurs. Ce qui me pose problème, c'est plutôt cette impression qu'on a à lire les journaux qu'il n'y a plus grand chose en politique en France passées les frontières du gouvernement.
Sarkozy a-t-il réussi à inventer le "gouvernement tout compris", où pour le même prix, on a les arguments, les contre-arguments, les petites phrases et les débats houleux...tout ça au sein de son équipe ? Ce qui accessoirement lui permet jusqu'à maintenant de garder un contrôle assez fort sur ce qui se passe, puisque chaque fois qu'un ministre sort du rang, on le félicite de son franc-parler tout en faisant semblant de le réprimander et on lui "réitère la confiance du président". Et hop, oublié le contenu des remarques, on ne se souvient que des détails de la friction.
Et pendant ce temps-là, les Bayrou et les Hollande s'indignent et s'époumonent, mais rien à faire, les journaux n'ont pas beaucoup de place pour eux....

mardi 27 novembre 2007

Enfer et bonnes intentions

Il y a quelques jours, le Conseil Constitutionnel a rendu son avis sur les statistiques « ethniques » : elles violeraient l’article 1 de la Constitution qui « assure l’égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race ou de religion ».
Je ne suis pas du tout d’accord avec cette décision, pour plusieurs raisons. Je pense même qu’elle est néfaste et peut – si on considère que le Conseil Constitutionnel représente l’Etat au sens large – avoir des effets négatifs sur les populations qu’elle cherche justement à protéger.

Ma première objection tient à la méthode employée pour recueillir ce type d’informations. En France, le recensement démographique s’effectue sur déclaration des citoyens, déclaration qu’ils remplissent volontairement et personne ne vient jamais vérifier qu’ils disent bien la vérité. En toute logique, puisque nous sommes dans une démocratie où ce genre décision est pris par des instances sous contrôle à la fois législatif et scientifique, on peut émettre l’hypothèse que personne ne serait forcé de remplir cette rubrique. Les origines ethniques des individus ne seraient donc prises en compte que dans la mesure où ceux-ci les renseigneraient lors de l’enquête. Pas de comptage ou d’identification sinistre sur des critères douteux ici, il s’agit d’une déclaration volontaire où chacun est libre de revendiquer ou non une origine personnelle.

Ce qui d’une certaine façon m’amène à ma seconde objection : elle concerne la définition de ce qu’est une étude statistique. Le Conseil Constitutionnel dans sa décision déclare : « si les traitements nécessaires à la conduite d'études sur la mesure de la diversité des origines des personnes, de la discrimination et de l'intégration peuvent porter sur des données objectives, ils ne sauraient, sans méconnaître le principe énoncé par l'article 1er de la Constitution, reposer sur l'origine ethnique ou la race ». Pourtant, l’article premier de la Constitution parle « d’égalité devant la loi » : à ce que je sache, ça n’a rien à voir avec le fait de recueillir des informations sur la population française, à moins de considérer que le simple fait de poser une question à laquelle les gens sont libres de répondre ou non est en soi discriminatoire. Et dans ce cas, comme le suggère cet article de Telos, il va falloir sérieusement réfléchir à ce que l’on fait si innocemment.

Enfin et surtout, si l’on s’écarte des aspects techniques, c’est un débat qui tombe trop souvent dans l’idée que la France est le pays du droit du sol, où nous sommes tous français, égaux…et identiques ? En cachant le fait qu’une partie non négligeable de la population est venue d’ailleurs avant de devenir française, que ses ancêtres n’ont pas trinqué avec Astérix, le Conseil Constitutionnel n’œuvre-t-il pas contre son camp ? En refusant de savoir, on entretient les fantasmes, d’extrême droite ou autre, de masses innombrables venant nous envahir. Mais surtout, on refuse aux français d’avoir chacun une histoire, qui lui soit propre et qui se mêle à celle de son pays à un moment différent.

En définitive, je ne considère pas qu’il faille mettre ce type de statistique en place sans mélange. Mais pour moi le débat n’est pas de savoir s’il faut le faire, mais bien plutôt comment et selon quels critères. Par exemple, des statistiques ethniques ne me semblent pas convenir à l’histoire de la France et de son immigration, contrairement aux Etats-Unis, par exemple. Mais une déclaration évidemment volontaire d’origine nationale me paraîtrait utile pour mieux connaître les français et mieux montrer, aussi, que la France sait intégrer les individus sans nier leur histoire.

lundi 26 novembre 2007

"Excusez-moi dérange! Pour la musique s'il vous plait ! "

Je dédicace ceci à la petite mamie qui m’a donné un coup de cabas, l’air de rien (si, si !) parce que je l’ai empêchée de descendre du métro tout à l’heure.

Ah ! Et aussi à la pauvre dame que j’ai croisée dans le RER A et dont les nerfs ont explosé l’autres jour, face à un malotru : « oui bah moi, ça fait 10 ans que je prends des coups dans le train, qu’on me bouscule. Et je ne dis jamais rien, jamais ! Mais là, y’en a marre. Y’a pas de raison monsieur, fermez votre bouche ! Oui, je sais, je suis vulgaire ». Je pense souvent à vous, madame.

Villiers-le-bel : comme une étincelle

"On ne respecte plus les humains, on nous traite comme des chiens"

Au-delà de l'émotion suscitée par la mort de Moushin et Larami ou par les "émeutes" (je n'aime pas ce terme, j'ai toujours l'impression de l'utiliser abusivement, mais il faut bien trouver un mot pour décrire les faits), les événements de Villiers-le-Bel m'interpellent plus parce ce qu'ils révèlent.

Comme en 2005, à Clichy s/s Bois, la mort de deux jeunes agit comme une étincelle sur un bûcher prêt à s'embraser à tout moment. Il suffit de lire certains commentaires laissés sur daily motion, au sujet de vidéos concernant Villiers-le-Bel, d'écouter quelques reportages ou de lire le récit des événements... à chaque fois on est frappé de la haine qui marque quelques propos. D'un côté, un peu de racisme décomplexé par l'anonymat d'un commentaire sur un page, ridicule. De l'autre, un phénomène qui m'inquière tout autant, qui m'attriste profondément : le sentiment que la France hait ses quartiers.

Comme à chaque épisode de la sorte, le "fossé entre la police et les jeunes" est ressorti du placard. Il est bien réel, certes, mais le fossé est bien plus large : la vérité, je le crois, c'est que la France échoue encore et toujours à convaincre les populations des quartiers qu'elle veut d'eux, qu'elle a besoin d'eux. Presque rien n'a changé depuis 2005.

A ma modeste échelle, je n'ai pas de solution à apporter à tout cela. Mais j'ai un souhait, un seul : qu'on se s'attache pas, une fois de plus, à agir dans l'immédiateté, pour répondre à un phénomène médiatique, avec une "loi sur les mini-motos" ou un "grand audit des carrefours à mini-motos"...qui ne régleraient le problème que par le petit bout de la lorgnette. Non. Ce que j’espère, ce n'est pas seulement qu'on éteigne le feu, mais qu'on évite la formation du bûcher.

Ce que je veux, c’est que l’on parle de décision à long terme, de rénovation urbaine, de l’urgence d’un plan banlieues, d’une meilleure orientation scolaire et professionnelle pour les populations qui y vivent… Tout cela fonctionne plus ou moins bien selon les cas mais a surtout besoin de volontarisme et d’argent. A ce titre, l’ANRU est un bon exemple, qui mérite d’être suivi, amélioré encore et répété....mais qui aujourd'hui ne me semble plus assez soutenu. Pour éviter la survenue d’événements similaires à ceux de Clichy ou Villiers-le-Bel, il faudrait les mêmes moyens politiques, humains et financiers que ceux employés à régler les problèmes environnementaux ou européens par exemple. Il s’agit d’un problème tout aussi important pour notre pays (notre pays à tous) dans les prochaines décennies.